lundi 24 février 2014

Critique musicale: Sweet Haze – EP (2014)



Genèse et premiers pas

C’est en janvier 2012 que s’est formé Sweet Haze jeune quintet originaire d’Amiens, la capitale Picarde. Encore bien jeune ce groupe, tout comme les membres qui le composent, s’est surtout signalé et fait remarquer ces deux dernières années au travers de leurs prestations scéniques et la parution de deux Extended Play, l’un en avril 2012, l’autre en ce début d’année 2014, opus qui nous occupera ici.

C’est donc il y a deux ans à peine, et sous l’impulsion d’Antoine son chanteur- guitariste, que fut lancé le projet Sweet Haze. Ce dernier résulte de la rencontre d’Antoine et de Nicolas, qui officiera au sein du groupe en tant que batteur. Le duo sera ensuite vite et successivement rejoint par le claviériste Raphael puis par Lou et Valentin respectivement bassiste et second guitariste du groupe.

Le contenu d’une interview, donnée à Sarrou et publiée en mars 2013 sur le site Nowplaying-mag[1], Nous permettra d’en apprendre en peu plus sur l’origine du nom du combo. Il semble que le batteur Nicolas en soit à l’origine et l’aurait proposé au reste du groupe sans connaitre la référence directe faite au cannabis, le Haze étant répertorié comme variété de production de chanvre cultivé. Un nom pour le moins annonciateur pour un groupe en devenir !

Musicalement ce combo évolue résolument dans l’ornière du Pop-Rock, parant tout de même ses titres d’effluves et de références diverses faites à d’autres genres musicaux parfois bien plus éloignés, reflet direct des influences musicales multiples de chacun de ses membres. Parmi ces dites influences, le groupe reconnait celles d’artistes comme Puggy, The Clash, Noir Désir, Police, Sting, Supertramp, Eric Clapton, John Mayer ou bien les britanniques de Lords Of The New Church dont Sweet Haze a repris le titreRussian Roulette.

La fondation du groupe sera très vite suivie par une première concrétisation discographique, Sweet Haze investissant les locaux du studio amiénois du Sous-Marin dès le mois de mars pour enregistrer leur premier EP 5 titres, diffusé le mois suivant. D’un tirage de quelques 500 exemplaires, ce disque est désormais épuisé. Un premier projet, toujours d’après l’interview précédemment citée, intégralement financé par les parents d’Antoine, en cadeau pour son vingtième anniversaire. Passée cette première sortie, la fin d’année 2012 est marquée par l’arrivée de Thomas, le manager. Une arrivée qui permettra au groupe de recentrer leur projet tout en ayant en ligne de mire de nouveaux objectifs.

Malgré la sortie rapide du premier EP, c’est évidement par le prisme de la scène et par la participation à de nombreux tremplins que le groupe s’est bien sûr employé à se faire connaitre. Fut notamment tentée une première tentative de participation au tremplin « Picardie Mouv’ », tentative qui se soldera par un échec. Ce ne sera que partie remise.

Fin juillet 2012 Sweet Haze prend part à l’édition du festival « Le lézard Jaune » à Longueau, festival de musiques actuelles, placé sous l’égide de l’association Acouzic et mettant avant tout à l’honneur la jeune scène picarde. Les groupes Dirty South Crew, Nasteen et Wolves & Moons, entre autres, étaient également présents lors de la tenue des deux jours de l’évènement.

Le début d’année 2013 sera marqué par une participation à la troisième édition du tremplin amiénois « Quai Des Jeunes ». L’occasion pour le quintet de fouler la scène du New Dreams lors d’une soirée au court de laquelle se produisaient également les groupes W.E.T. et Chemical Fever. Fin janvier Sweet Haze sera choisi, en compagnie cette fois de Thomas Albert Francisco, pour représenter la région Picardie lors de la tenue du tremplin musical étudiant « Musique de RU ».

Un évènement majeur se produira à l’entame du mois de mars lorsque que le groupe sera déclaré vainqueur de la première édition du Faep‘estival, un festival monté par l’entremise des associations étudiantes et plus précisément de la FAEP. Cette victoire donnera l’occasion à Sweet Haze de se produire deux soirs de suite sur la scène de la Lunes Des Pirates, salle bien connue du public amiénois. Après avoir été déclaré vainqueur au soir du 1er mars, c’est pour assurer la première partie des groupes The Aerial et Good Night Junkie que le groupe reviendra sur cette même scène dès le lendemain soir[2].

Quelques jours plus tard, annonce est faite de l’implication du groupe dans la réalisation de la B.O. du court-métrage Le vent l’emportera, œuvre de la réalisatrice Céline Tejero à paraitre en juin prochain. Un titre de Sweet Haze devrait figurer sur cette bande originale. Sweet Haze se verra ensuite consacrer le premier épisode du projet Shaking Off, projet qui résulte de la volonté d’un duo de jeunes reporters, passionnés tant par la musique que par la réalisation vidéo, de mettre en avant les pépites musicales venues de Picardie.

Ce mois de mars 2013, décidément bien riche, ce conclura par le premier concert du groupe hors de ses terres originelles de Picardie, Sweet Haze allant pour la première fois se produire sur la scène lilloise du Biplan. La fin juin voit Sweet Haze se produire, avec le groupe Elegant Fall, sur la scène étudiante du Chaudron à Amiens.

Les mois d’été 2013 ont eux aussi été plutôt rempli, avec notamment, au début du mois de juillet, la tenue d’une session d’enregistrement dans les murs du RBM Studio (studio d’enregistrement fondé en 2011, basé dans le département de l’Oise), lieu d’enregistrement des titres du second EP du groupe. Le 6 de ce mois Sweet Haze participe au festival R4 de Revelles, avant de se produire, le 19 juillet, sur une scène rémoise dans le cadre d’un échange convenu par les organisateurs du tremplin « Quai des jeunes », le concept ayant fait flores dans nombre de villes désormais partenaires de cet évènement, avant qu’un concert au Grand Wazoo ne vienne conclure ce mois de juillet 2013.

En Aout c’est l’étape de mixage des titres précédemment enregistrés au RBM Studio qui est abordée, avec en mettre d’œuvre Bérenger Nail. Ainsi le second EP entre-t-il dans une phase encore plus concrète d’élaboration. Le studio fera paraitre, à la toute fin du mois de septembre, sa toute première compilation, compilation sur laquelle figure Betty’s Gift un des titres du nouvel EP.

Début octobre Sweet Haze retrouve une nouvelle fois la Lune des Pirates, en première partie des parisiens de Sarah W. Papsun, dans le cadre du concert évènement « I Love My Campus », cette fois. Seront ensuite mises en ligne deux vidéo, enregistrées au mois d’Aout dans l’enceinte du château de Creuse, montrant le groupe exécutant des versions acoustiques des titres Betty’s Gift et Russian Roulette.

Le 20 octobre on annonce que la pochette de l’EP à paraitre vient d’être finalisée. Cette dernière est le fruit d’une collaboration entamée avec Adrien Defert. Une semaine plus tard Sweet Haze participe aux auditions départementales en Somme du « Picardie Mouv’ » 2013 à Abbeville, sans toutefois que cela soit un succès. Début novembre Sweet Haze est à l’affiche du Festivaux, évènement musical organisé sur la commune de Vaux-Sur-Somme. En décembre c’est la Briqueterie d’Amiens qui accueillera le groupe. Enfin, début janvier 2014, c’est le site web du groupe qui est ouvert.

Voilà résumé, avant de nous intéresser plus avant au contenu de l’EP paru récemment, et dans ses grandes lignes, le parcours de Sweet Haze…

5 titres entre brume, Pop et Rock

C’est depuis le 13 février dernier que l’EP, et les cinq titres qui le composent, est disponible.

Les titres de cet opus donnent à entendre une production plutôt « carrée » et très calibrée, type de production qui sied néanmoins parfaitement au style musical dans lequel évolue le groupe et qui donne également une forme d’unicité certaine à l’ensemble. Le disque ne pèche pas non plus d’un travail de surproduction sur la longueur.

Don’t Forget Your Past, plage titulaire du disque, s’ouvre sur une introduction dotée d’un gimmick de clavier plutôt accrocheur. Un rythme rapide sera vite imprimé par une ligne de basse et une batterie très présentes sur l’ensemble du titre, la guitare délivrant des notes à la fois saturées et incisives. Un chant énergique arrive ensuite, Une énergie qui culmine lors du refrain et dans le phrasé guitaristique faisant suite à celui-ci. Une entrée en matière plutôt vive et enjouée qui demeure efficace, efficacité que la structure de la composition mais aisément en valeur. Ce titre, dont la démo est accessible sur le web[3], nous permet d’apprécier d’autant mieux la qualité du travail de production effectué ici, travail non dépourvu de finesse.

C’est sur un rythme semblable et sur un gimmick de clavier entêtant qu’arrivent ensuite le non moins accrocheur FES (chanson anciennement titrée Egyptan Song) et son chant énergique. Un titre up-tempo presque dansant aux riffs de guitare incisifs, à la basse massive et don la brièveté assure l’efficacité.

Age Of Reason démarre ensuite par un bon riff de guitare aux notes saturées et plutôt rageuses pour un titre Rock auquel sont ensuite judicieusement plaqués la rythmique et le chant avant que la ligne de basse et la batterie ne se démarquent au milieu du morceau. C’est la guitare qui se charge de conclure ce titre par de belles, et surtout efficaces, envolée.

Maison close débute par un bon gimmick de synthétiseur conjugué à la présence d’une guitare au son abrasif qui se superposent à une ligne de basse très ronde avant que le titre ne se déploie principalement autour d’un refrain accrocheur et énergique. Part belle est faite sur ce titre à la mélodie soignée à la six cordes et aux claviers. Un titre qui gagne en ampleur et en efficacité sur scène.

C’est sur une touche de romantisme que débute Betty’s gift, le cinquième et dernier titre du disque, titre très mélodique dont l’intro ne manquera pas de rappeler à l’auditeur une œuvre classique plutôt célèbre. Le chant de cette ballade au rythme lourd, habilement campé par la batterie et la basse, se fait plaintif et se voit appuyé à propos par une ligne de violoncelle. La guitare elle n’est pas en reste est délivre, au milieu du morceau, un solo de bonne facture et permet au titre de gagner en intensité avant que les vocaux ne viennent amplifier l’ensemble pour permettre un climax, la ligne de guitare se faisant ensuite plus mouvante, avant que le clavier ne réapparaisse et ne vienne clore le titre, et le disque par la même occasion, en douceur par la reprise du thème joué en introduction.

La jaquette, entièrement réalisée à la main, retranscrit une ambiance plutôt romantique. Le travail est réussi et l’artwork se « marie » plutôt bien avec l’ambiance musicale que renferme ce disque.



« L’eau reprit une faible brillance qui rendit le paysage brumeux…»

Jean Cayrol



*****

Avec son second EP Sweet Haze nous livre une musique Pop-Rock matinée d’influences diverses et variées qui semblent être pour le moins assimilées, « digérées », et use de celles-ci à bon escient. L’ensemble est en outre servi par une production de qualité. Séductrice cette musique l’ait par la combinaison judicieuse réalisée entre riffs de guitare nerveux, nappes de clavier racée et un chant énergique auxquels s’ajoute un intéressant travail en matière de composition, élément notable.

Un disque appréciable, très encourageant renfermant de belles promesses et qui devrait permettre aux amiénois d’élargir encore leur public. Inutile pour l’heure de chercher à comparer obligatoirement ce son à un autre, ce dernier étant certainement appelé à évoluer, à gagner en maturité à l’avenir.

Nous avons là un premier essai marqué qui se devra néanmoins d’être transformé. En attendant la suite, l’EP qui nous est donné ici pourrait bien constituer une découverte digne d’intérêt pour nombre d’auditeurs.



Liste des titres :
1. Don’t Forget Your Past
2. FES
3. Age Of Reason
4. Maison Close
5. Betty’s Gift



Sweet Haze, EP, 2014

Xavier Fluet 












[1] Sarrou, « Sweet Haze : « Ce qu’on cherche c’est que tout le monde se retrouve dans notre musique »., Nowplaying-mag, 27/03/2013. URL : http://www.nowplaying-mag.com/2013/03/sweet-haze-ce-quon-cherche-cest-que-tout-le-monde-se-retrouve-dans-notre-musique/


[2] Sarrou, « Une premiere edition réussie pour leFaep’stival»., Nowplaying-mag, 07/03/2013. URL :http://www.nowplaying-mag.com/2013/03/une-premiere-edition-reussie-pour-le-faepstival/


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